Souffler sur tes doigts

J’ai trouvé ma place en soufflant sur tes doigts.
Toute entière concentrée pour bannir ta brûlure,
J’ai enfin touché cette fameuse parcelle d’éternité.
La conviction absolue que j’ai vécu pour ces moments :
T’étreindre doucement et souffler sur tes doigts mouillés.

J’ai trouvé ma place autour de toi.
Et apprivoiser le vide terrible
Qui hante mon ventre depuis que tu es née
Sera le combat du reste de mes années.
J’ai grandi pour t’envelopper de mon corps armure,
Naïvement persuadée qu’aucune blessure
ne t’affligerais jamais.

La toute-puissance des mères
Quelle insupportable tournure
Alors que je suis à vif depuis toi
La peau incandescente, prompte à la morsure
En garde, bien qu’en retrait
Blessée par ta moindre égratignure
À terre après ta moindre chute.

J’en appelle à l’acharnée puissance des mères
Pour trouver la force de soutenir ton envol mon amour,
Pour réprimer ma colère contre un monde qui ne t’a pas méritée,
Pour taire la violence sourde qui m’enserre le coeur à la vue des dangereux,
Pour te remplir chaque jour d’une confiance dont je ne me croyais pas capable,
Pour rester en dernière ligne, vidée mais toute emplie du spectacle merveilleux
De te voir grandir et, à ton tour, t’épanouir.

2 réflexions sur “Souffler sur tes doigts

  1. Je ne peux réagir à ce magnifique poème qu’avec des larmes d’émotion …

    Au fil de ces vers si sincères, c’est vraiment toi, en tant que mère…

    Merci pour la profondeur de ce partage…

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